Gérald Gaboriau | Artiste calligraphe contemporain | Sumi-E et Art mural

"Color Transcends Matter to Touch the Soul" Gérald Gaboriau

Astrée 1996- Art Gothique Romantique Contemporain | 2025 (1996)


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+Astrée+

Au hasard d'un classement méthodique, une photographie tomba au sol. 15/10/1996 De Profundis Ad Lucem. Souvenir singulier gravé dans le marbre de la mémoire. Elle, effilée comme un saule à la lisière d'un étang. Le teint maladif, blafard comme l'albâtre antique. Son regard abyssal déversant sur le monde son essence ténébreuse. Nulle expression de joie n'animait son visage. Lui arborait des cernes causés par les libations nocturnes et un sourire candide. Elle le tenait par la main, statue vivante guidant un mortel.

Elle avait surgi dans son existence comme apparaît la lune au centre de l'immensité céleste. Son sourire, glacial, dissimulé sous sa chevelure d'ébène. Ses joues, creusées à l'extrême, laissant presque deviner l'ossature, soutenant avec fragilité son visage de camée antique. Le silence la consumait graduellement et finirait inéluctablement par la réduire en cendres. Ses mains diaphanes, parcourues de veines azurées, étaient acérées comme des stylets. Elle semblait capable de lacérer l'aurore sans émettre un son. Lui était encore juvénile et dépourvu d'expérience.

Ils possédaient des relations communes et se rencontraient occasionnellement. Jamais il ne lui avait adressé la parole, par excès de timidité. Ne désirant pas briser cette fascination qu'il lui vouait dans l'ombre. Il la savait vouée à un destin funeste. Il refusait qu'elle perçût sa pitié, cette notion visqueuse qui lui faisait retenir son souffle en sa présence. Il ignorait son nom et le timbre de sa voix. Ses lèvres pétréennes, envoûtantes comme un sortilège.

Elle se maquillait avec élégance pour dissimuler l'appel sépulcral. Des fards fantasques et du rose colorant ses joues donnaient l'illusion que tout allait bien, telle une statue polychrome de l'Antiquité. Son parfum discret, mélange d'iris et de santal, agissait comme un philtre entêtant sur les sens.

Un jour, ils s'étaient rencontrés là-bas, par le jeu du hasard. C'était un samedi après-midi de septembre. Le soleil, d'une froideur de marbre, conférait aux feuilles tombées des teintes d'incendie maîtrisé. Lui était venu visiter les lieux en compagnie d'amis de passage. Elle se trouvait seule, statue vivante parmi les morts. Elle lui avait fait signe, et il l'avait suivie comme Dante suivit Virgile aux Enfers.

Ensemble, ils avaient parcouru longuement les allées sinueuses et les passages étroits du Père-Lachaise, consumant ces longues cigarettes noires au parfum de girofle, apparaissant tels des personnages de tragédie entre deux mausolées dressés comme des portes vers l'au-delà. Elle lui avait expliqué que la mort constituait un passage étroit et humide qui s'ouvrait sur l'authentique Existence. Le véritable monde, quand les sens s'éteignent et que la chair rigidifiée épouse parfaitement la structure osseuse, tel un marbre de Canova.

Plus il s'enfonçait dans cette forêt pétrifiée, plus son visage s'épanouissait comme une fleur nocturne. Elle irradiait au contact du néant, défiant de son pas de sylphe la pesanteur du granit, s'affranchissant des racines oppressantes du deuil. Sa voix modulait un air d'outre-tombe. Perséphone... Hécate... Astarté... Elle lui avait décrit ces artistes maudits, fauchés en pleine création. Ces musiciens aux partitions inachevées, peintres aux toiles orphelines, écrivains à la plume brisée par le destin, sculpteurs privés de leur matière première...

Elle lui avait narré les légendes et les mythes des fantômes qu'elle reconnaissait à l'heure de minuit, comme une prêtresse antique communiant avec les morts. Ils avaient passé la nuit ainsi, à écouter la musique de la pluie et la harpe invisible des spectres. Ils avaient échangé quelques baisers glacials ainsi que leur sang, comme dans un pacte infernal. Et bu dans la pénombre le vin de la nuit éternelle. Perséphone... Hécate... Astarté...

Elle l'avait guidé au-delà des tombes, vers ce lieu secret. La nuit s'était écoulée à la lueur des ombres et des apparitions. Elle avait obscurci son cœur et son âme à jamais, l'enchaînant à ses Supérieurs Inconnus comme dans les rites maçonniques. L'Astre d'Argent se manifesta au-dessus des ombres cruciformes, resplendissant d'une clarté immaculée. Ultime égrégore, parfait dans sa géométrie sacrée... À l'aurore, elle lui prodigua l'ultime étreinte, sceau final d'un pacte scellé dans la pierre. Puis ils se séparèrent, sans promesse ni lumière, chacun reprenant sa route selon le décret du Destin.

Plus tard, ses relations lui annoncèrent son trépas. Elle avait mis fin à ses jours dans un parc, ne laissant aucun message posthume, comme une statue grecque fracassée par le temps.

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